World Carp Classic Madine l’équipe MARUKYU / PESCANAUTIC
Samedi 04, 00h30, c’est parti pour 650kms afin de rejoindre le lac de Madine afin d’être le plus dans le bain possible avant l’épreuve ultime.
08h30, ça y est nous y sommes. Biwi Land est déjà bien rempli, mais nous trouverons encore une place à prendre à l’ombre près du secteur Check Boat. Ça tombe bien c’est le premier point de contrôle. Nous sortons les équipements et préparons les deux bateaux qui doivent recevoir les stickers de validations, point de sécurité obligatoire pour l’épreuve.
09h45, Nous attendons notre tour au REG, en 6ème position derrière la Team de l’Afrique du Sud, impressionnante, trois camions pour trois équipes, un équipement et une logistique digne d’un paddock de F1. Notre tour arrive, et les papiers s’enchaînent suivi du tirage pour la position du tirage final le dimanche soir. Toujours beaucoup chance ; 92ème sur 130. Avec un double tirage ce n’est pas terrible pour dénicher notre poste prometteur, mais nous savons que c’est le jeu du tirage ! Le temps passe très vite dans cette ambiance de campement général, nous avons formé un point de ralliement français avec l’équipe sponso Pescalis, et les patrons de l’entité « Bananarods », deux passionnés de cannes de perfections, qui on décidé de fabriquer des cannes à la demande du client en s’appuyant sur leur expérience. Des moments bien sympathiques avant le jour « J ». Je ne vois pas le temps passé, il est dimanche soir et la cérémonie d’ouverture commence nous appelant pour cette dure épreuve, la pression monte et il est très difficile de rester serein, surtout quand on attend son tour pendant plus d’une heure en voyant les bons postes s’envoler les uns après les autres. Sur ma liste, le dernier poste estimé potentiellement bon est tiré sur le 72ème passage, c’est dire l’impact du pré-tirage, nous sommes donc confronté à la pire des situations, car nous avions préparé un second classement de secours, regroupant 40 postes, si notre premier tirage nous révélait un poste ne rentrant pas dans ces choix, nous avions décidé de retenter notre chance pour le second tirage. C’est à nous, et sous l’œil de Ross Honey, CCMORE PEG5. Nos yeux se croisent et nous savons pertinemment que ce tirage n’est pas bon, nous n’avons plus que le destin pour nous aider un petit peu pour le tirage ultime. Tony cherche au fond de l’épuisette, et après ouverture le verdict tombe : BERKLEY4. C’est dommage car c’est aussi un poste non répertorié par nos soins, mais nous estimons que c’est mieux que le premier et que ça aurait pu être pire.
Il est maintenant 22h30 et après le stress engendré par ce tirage, nous allons nous coucher non sereins mais déjà concentrés sur la pêche qui nous attend. Réveil à 6h30, et à 7h15 direction le poste à 8 kms du REG. Nous sommes sur les lieux, et j’attends Tony pour immortaliser en vidéo la découverte du poste. Très excités nous avançons pas à pas vers ce qui va être notre campement pour cinq jours. C’est un « S » qui commence par un abri de divers arbres longeant une roselière, superbe… oui mais la roselière fait 30m de large et 2,50m de haut, et l’eau est déjà à l’intérieur ! Ce qui veut dire que les cannes ne seront dans l’eau que sur la fin de cette roselière. Bon ça c’est fait, il faut maintenant aller débarquer les bateaux 500m plus loin avant que tout le monde ne s’empare de l’embarcadère, évitant ainsi de perdre de précieuses minutes même si le début de l’épreuve est à 14h. Nous mettrons jusqu’à 12h30 pour nous installer sommairement, et préférerons pendre quelques forces en nous ravitaillant, heureux ravitaillement car il a fallu déblayer la roselière pour avoir un accès ainsi qu’un angle correcte du poste, et sur une trentaine de mètres ça ne se fait pas tout seul. Juste avant le coup d’envoi, nous sommes fin prêts, et les montages n’attendent plus que la mise à l’eau, de mon côté je décide un lancement rapide des cannes avec EFG151 et billes Sanagi maison, alors que Tony va déposer ces montages en découvrant le poste en visuel et à l’écho. Ces cannes sont équipées d’EFG142, et de billes Protéines et Kani pour une pêche rapide. 14h, la fusée du départ explose dans le ciel de Madine, et j’envoie mes montages à l’instinct, la première canne me confirme mon impression d’un niveau d’eau bas pour le secteur. C’est pourquoi j’attendrai le retour de Tony pour me confirmer la vision du poste. Le verdict tombe et me laisse perplexe. Tony m’annonce de l’herbe faucardée, 30cm sous la surface sans trouée, jusqu’à 150m avec un niveau d’eau d’à peine deux mètres, puis une cassure avec un fond neutre jusqu’à notre distance maxi autorisée. C’est loin d’être enthousiasmant surtout que notre poste regorge de souches jusqu’à une vingtaine de mètres devant les supports, puis a priori plus rien. D’un instinct rapide, nous décidons de positionner les montages en cascade, juste derrière la zone herbeuse, de manière à pêcher efficacement sur ces trois montages, et d’opérer un sondage méticuleux sur le reste de la zone pêchable, c'est-à-dire 50m² ! Nous avons devant nous plus de 400m d’eau avec une pointe d’anse qui commence devant notre poste et qui va se terminer jusqu’à deux postes sur notre gauche (BERKLEY 5 et 6). Nos voisins de gauche l’équipe d’Afrique du Sud championne du monde, sont à 300m, puis nos voisins de droite sont quant à eux à 40m. Nous devons respecter une surface qui se résume à 50m de large pour 200m de long, c'est-à-dire que nous pêcherons montages côte à côte avec nos voisins de droite, et qu’ il y à un espace important avec les Sud Africains.
Tony est reparti sur l’eau après avoir déposé les trois montages, et compte décrypter la zone pour que l’on puisse faire une analyse parfaite pour positionner les montages avant la 1ère nuit. Je suis entrain de peaufiner la découpe des roselières du chemin d’accès, qu’un bip retentit, je regarde les supports, et voit mon scion de la canne de droite se courber, c’est celle lancée à l’instinct à environ 70m qui d’après Tony se trouve en plein cœur d’herbier mais que j’avais décidé de laisser tant qu’il n’avait pas balayé la zone, pour moi je ne pouvais même pas ramener la canne. La canne se courbe légèrement et je décide de prendre contact, je sais que ce n’est pas lourd, mais freiné par les herbiers. J’essaye quand même de l’extraire, car Tony ne m’a pas vu et je n’ai pas le droit de monter dans le zodiac car il faut toujours une personne sur le poste. Je continu à pomper et le poisson vient doucement, j’aperçois au large que Tony c’est rendu compte que j’avais une prise et revient à grande vitesse car on s’était donné comme challenge de prendre le premier poisson de la compétition, mais c’est une tanche de près de deux kg qui vient dans mes waders à 14h35. Eh oui, on avait oublié de préciser que c’était bel et bien une carpe qu’il nous fallait.
Je prépare rapidement le montage suivant, et réitère l’opération. J’avais ciblé exactement la position du montage et prévoyant j’avais également repéré la distance sur ma tresse. Après calage de ma canne, mon repère se trouve à moins d’un mètre de la position initiale.
Tony repart sur la zone à prospecter, mais nous prenons soin de caler les talkies-walkies pour un éventuel run car si j’avais eu une carpe récalcitrante, je pense qu’il aurait impossible de la sortir avec les souches de bordure. Il est 15h30, rebelote avec la même canne, je reprends contact et m’aperçois que c’est du même gabarit, je pompe donc doucement et malgré les accroches dans les herbiers, j’aperçois une brème impressionnante. Je refais la même opération, sauf que j’effectue un lancer supérieur de 4m. Tony revient, nous allons pouvoir mettre à plat notre stratège. Gros bémol, rien dans la zone de pêche autorisé, hormis une zone de dur sur 10m² du côté gauche. L’autre point très négatif, c’est la capacité du « Structure Scan »qui ne fonctionne pas dans 1,50m d’eau avec ce faucardage de début de saison. Le vent assez fort ne permet pas de sortir pour dénicher une zone propre dans ces 150m, donc rien de bien intéressant à se mettre sous la dent pour attaquer cette première nuit.
La nuit arrive et c’est assez calme, ma canne de droite n’a plus bougé, alors qu’elle a provoqué deux touches en 1h30. Je décide donc de la relever, je lève rapidement, mais je me trouve coincé dans l’herbe dès la mise sous tension. Je comprends alors que j’ai trouvé involontairement une trouée dans cette masse. J’arrive à la ramener du bord, et recale l’ensemble à la perfection avant la nuit, car mon repère est à 30cm dans mon moulin. Il faudra 15mn pour déclencher une nouvelle touche qui ne se piquera pas. La nuit tombée je change de canne, car je ne la considère pas suffisamment costaude pour se genre d’application. Par contre je cale la canne à la même distance en la déroulant en parallèle dans le chemin derrière notre campement. J’enchaînerai alors 6 touches la première nuit mélangeant brèmes et carrasins. Cà calme son bonhomme, prise des waders, course de 35m dans l’eau et la vase avec quelques souches comme embûches invisibles, contact, montée dans le zod et mise à l’épuisette d’un spécimen qui ne sera pas comptabilisé.
Au petit matin, nous savons qu’il faut tenter autre chose, c’est pourquoi je pars sur l’eau à mon tour, et tout de suite sur la droite dans ma zone productive, je découvre que je suis effectivement dans une zone dégagée et fouillée à plusieurs endroits. Cette surface couvre une quinzaine de mètres parallèle à la berge sur trois mètres de large. Ce qui explique mes touches, et aussi ce silence lorsque j’ai positionné mon montage 4 m plus loin lors de mon troisième lancé. Le seul inconvénient de la zone est qu’elle est entouré de cette masse d’herbier qui monte à trente centimètres sous la surface, alors comment imaginer une belle carpe venant spécialement dans ce secteur alors que la masse d’eau permet de s’alimenter beaucoup plus tranquillement ailleurs.
Après la confirmation de ce secteur je scrute la zone avec mon écho, et trouve à vingt mètres de notre limite, c'est-à-dire à 180m des supports, des souches furtives sur la remontée d’un plateau. Le vent est tel que je ne retombe pas dessus une deuxième fois. Le reste : néant hormis la profondeur qui oscille entre 2,5m et 4m. Je ne change donc rien de mon côté, car pouvant récupérer d’éventuel poisson passant au travers de la sortie d’anse des postes 1, 2 et 3, je laisse mes montages à 70m et 150m après la zone d’herbiers. Au tour de Tony, il retourne sur la zone, et décrypte d’une meilleure façon le spot estimé : trois souches et un bois posé sur le fond. Canne en main il dépose un montage costaud, à l’extrémité deux ready-made Kani, plus une dizaine sur le pourtour. La canne rejoint le support et Tony m’annonce qu’un seul poisson avait été détecté par l’écho, et qu’il paraissait très gros. L’autre canne rejoint le seul aspect changeant du poste, la tache de dur avec un amorçage en assiette. Il est autour de 9h quand tout est en place. Nous sommes sur la terre ferme entrain d’analyser ce que l’on pourrait mettre en œuvre avant la météo annoncée très pluvieuse et venteuse, car nous pensons qu’il ne sera peut-être plus possible de sortir lorsqu’elle sera arrivée. Il est alors 10h30, lorsqu’un bip suivi d’un second retentit sur la centrale à Tony, c’est la canne des souches, je suis devant et annonce à Tony, « elle est cintrée », il ne faudra qu’une dizaine de secondes à Tony pour prendre sa canne qui déroulait lentement mais sûrement. Pendant ce temps je m’étais équipé de mes waders et étais derrière lui pour préparer le zod, mais la seule prise de contact pour s’assurer qu’elle était bien piquée, à suffit à rompre la tresse à une dizaine de mètres avant la tête de ligne. Nous sommes désemparés de la séquence que l’on vient de vivre, car nous savons pertinemment que notre poste ne va pas être productif, et que la moindre touche pouvait annoncer un poisson hors norme permettant de se démarquer des autres.
Le montage est donc refait avec une tête de ligne plus grande, il rejoint la même zone avec ces Kanis, et si une touche récidive, nous décidons de ne mettre aucune pression sur le poisson tant que nous ne serons pas dessus. La crainte était sur la première touche d’avoir le poisson disqualifié, étant donné que l’on se trouvait à la limite de zone et qu’il fallait parcourir 180m, donc on peut largement imaginer que la carpe nous aurait obliger à la combattre quelques 100m derrière, et la, le carton jaune est probable, avec la disqualification. Nous ne sommes pas venu à la WCC pour çà !
La pluie est donc arrivée, et le vent qui commence à tourner à l’ouest de force assez vive, ne nous réconforte pas. Le seul point particulier, c’est la sortie des carpes de ces extrémités d’anses, mais comment réceptionner ces clientes en étant placés là où l’on est. Quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui ou bien nos chances de prises seront maigres !
En début de soirée du mardi alors que le mauvais temps est bien installé, nous obtenons les premiers résultats de la compétition, et rien ne nous surprend car les secteurs productifs sont les premiers postes réceptionnant le fond des anses peu profondes, choix que l’on avait fait en priorité selon les conditions météo précédentes, et celles qui étaient annoncées pour les jours à venir.
Nous avons également la visite de Valentin et Charles de chez Bananarods, sponsor de la plus grosse carpe, qui décide de camper dans le bois derrière nous et par la même de nous encourager.
Nous restons confiants, mais nous n’avons pas de quoi nous enthousiasmer, sachant que le BERKLEY1, peut couvrir les deux berges car il a juste les 200m autorisés. En plus nous découvrons sur nos plans, qu’il à sur la remontée opposée une ancienne bâtisse immergée avec des arbres entiers. Que rêver de mieux comme poste, à savoir que ce poste à été tiré et refusé trois fois avant que les Tchèques tombe dessus, de quoi être malade. Remarque c’est la même chose pour PV-TV1, qui a été également refusé au même nombre, et qui tient la tête du classement.
Le réveil du mercredi matin est vraiment difficile, je viens de parcourir sept aller/retour, de mon bed à mes cannes et cinq sorties bateau, pour des brèmes et carrasins et ce jusqu’à l’aube. Le temps est maussade et le vent toujours présent durant la journée du mercredi mais le soleil commence à percer les nuages. Je redouble pourtant d’efforts pour trouver une solution sans me reposer la journée, ce qui me vaudra une fatigue incontrôlable le jeudi soir. Dans le même temps les touches se sont arrêtées sur mon poste d’un coup net, si net que je ne prendrais plus un seul poisson jusqu’à la fin. Quant à Tony, il décida d’amorcer sa zone de dur massivement, ce qui lui provoquera deux touches, une brème de trois kg et un rotengle de deux.
Pour la dernière nuit, les cannes sont ajustées de 21h à 23h30. C’est dire notre patience à la dépose parfaite pour l’ultime essai. Nous nous couchons sereins, car nous ne pouvions guère mieux faire, mais au réveil de 6h30, un sentiment inaccompli nous submerge, nous sommes à 30mn de la fin, et rien n’a bougé, pas un seul bip de la nuit. La fusée du final perce le ciel au dessus du lac, ça y est, c’est la fin de l’épreuve, nous repartons sur l’eau et relèverons les montages tels que nous les avions placés, sans que le moindre appât n’est été touché.
Madine ne nous à pas souri, et malgré nos efforts nous n’avons pas touché notre but. Nous comptions sur un coup de pouce du destin et notre expérience de pêche en compétition pour réussir quelque chose de bien. Mais le sort et surtout le tirage au sort, ne nous ont pas épargné. Les postes qui se sont les mieux illustrés sont bien entendu les ailes, les pêcheurs quant à eux même si le tirage leur à sourit, on réalisé leur pêche d’une belle manière, ne laissant que très peu de poissons à leur voisins, preuve d’une approche de qualité. Et je n’ai vu aucune nation démériter, même si l’Angleterre remporte encore le titre et que bien de pêcheurs talentueux, on souffert tout comme nous.
Une compétition digne de son nom et dont nous tirons les leçons, car cette participation nous a renforcé dans notre manière de pêcher. Nous tenons à remercier de tout cœur Guillaume sans qui cette aventure n’aurait pas été vécue.
Un grand merci à MARUKYU.
09h45, Nous attendons notre tour au REG, en 6ème position derrière la Team de l’Afrique du Sud, impressionnante, trois camions pour trois équipes, un équipement et une logistique digne d’un paddock de F1. Notre tour arrive, et les papiers s’enchaînent suivi du tirage pour la position du tirage final le dimanche soir. Toujours beaucoup chance ; 92ème sur 130. Avec un double tirage ce n’est pas terrible pour dénicher notre poste prometteur, mais nous savons que c’est le jeu du tirage ! Le temps passe très vite dans cette ambiance de campement général, nous avons formé un point de ralliement français avec l’équipe sponso Pescalis, et les patrons de l’entité « Bananarods », deux passionnés de cannes de perfections, qui on décidé de fabriquer des cannes à la demande du client en s’appuyant sur leur expérience. Des moments bien sympathiques avant le jour « J ». Je ne vois pas le temps passé, il est dimanche soir et la cérémonie d’ouverture commence nous appelant pour cette dure épreuve, la pression monte et il est très difficile de rester serein, surtout quand on attend son tour pendant plus d’une heure en voyant les bons postes s’envoler les uns après les autres. Sur ma liste, le dernier poste estimé potentiellement bon est tiré sur le 72ème passage, c’est dire l’impact du pré-tirage, nous sommes donc confronté à la pire des situations, car nous avions préparé un second classement de secours, regroupant 40 postes, si notre premier tirage nous révélait un poste ne rentrant pas dans ces choix, nous avions décidé de retenter notre chance pour le second tirage. C’est à nous, et sous l’œil de Ross Honey, CCMORE PEG5. Nos yeux se croisent et nous savons pertinemment que ce tirage n’est pas bon, nous n’avons plus que le destin pour nous aider un petit peu pour le tirage ultime. Tony cherche au fond de l’épuisette, et après ouverture le verdict tombe : BERKLEY4. C’est dommage car c’est aussi un poste non répertorié par nos soins, mais nous estimons que c’est mieux que le premier et que ça aurait pu être pire.
Il est maintenant 22h30 et après le stress engendré par ce tirage, nous allons nous coucher non sereins mais déjà concentrés sur la pêche qui nous attend. Réveil à 6h30, et à 7h15 direction le poste à 8 kms du REG. Nous sommes sur les lieux, et j’attends Tony pour immortaliser en vidéo la découverte du poste. Très excités nous avançons pas à pas vers ce qui va être notre campement pour cinq jours. C’est un « S » qui commence par un abri de divers arbres longeant une roselière, superbe… oui mais la roselière fait 30m de large et 2,50m de haut, et l’eau est déjà à l’intérieur ! Ce qui veut dire que les cannes ne seront dans l’eau que sur la fin de cette roselière. Bon ça c’est fait, il faut maintenant aller débarquer les bateaux 500m plus loin avant que tout le monde ne s’empare de l’embarcadère, évitant ainsi de perdre de précieuses minutes même si le début de l’épreuve est à 14h. Nous mettrons jusqu’à 12h30 pour nous installer sommairement, et préférerons pendre quelques forces en nous ravitaillant, heureux ravitaillement car il a fallu déblayer la roselière pour avoir un accès ainsi qu’un angle correcte du poste, et sur une trentaine de mètres ça ne se fait pas tout seul. Juste avant le coup d’envoi, nous sommes fin prêts, et les montages n’attendent plus que la mise à l’eau, de mon côté je décide un lancement rapide des cannes avec EFG151 et billes Sanagi maison, alors que Tony va déposer ces montages en découvrant le poste en visuel et à l’écho. Ces cannes sont équipées d’EFG142, et de billes Protéines et Kani pour une pêche rapide. 14h, la fusée du départ explose dans le ciel de Madine, et j’envoie mes montages à l’instinct, la première canne me confirme mon impression d’un niveau d’eau bas pour le secteur. C’est pourquoi j’attendrai le retour de Tony pour me confirmer la vision du poste. Le verdict tombe et me laisse perplexe. Tony m’annonce de l’herbe faucardée, 30cm sous la surface sans trouée, jusqu’à 150m avec un niveau d’eau d’à peine deux mètres, puis une cassure avec un fond neutre jusqu’à notre distance maxi autorisée. C’est loin d’être enthousiasmant surtout que notre poste regorge de souches jusqu’à une vingtaine de mètres devant les supports, puis a priori plus rien. D’un instinct rapide, nous décidons de positionner les montages en cascade, juste derrière la zone herbeuse, de manière à pêcher efficacement sur ces trois montages, et d’opérer un sondage méticuleux sur le reste de la zone pêchable, c'est-à-dire 50m² ! Nous avons devant nous plus de 400m d’eau avec une pointe d’anse qui commence devant notre poste et qui va se terminer jusqu’à deux postes sur notre gauche (BERKLEY 5 et 6). Nos voisins de gauche l’équipe d’Afrique du Sud championne du monde, sont à 300m, puis nos voisins de droite sont quant à eux à 40m. Nous devons respecter une surface qui se résume à 50m de large pour 200m de long, c'est-à-dire que nous pêcherons montages côte à côte avec nos voisins de droite, et qu’ il y à un espace important avec les Sud Africains.
Tony est reparti sur l’eau après avoir déposé les trois montages, et compte décrypter la zone pour que l’on puisse faire une analyse parfaite pour positionner les montages avant la 1ère nuit. Je suis entrain de peaufiner la découpe des roselières du chemin d’accès, qu’un bip retentit, je regarde les supports, et voit mon scion de la canne de droite se courber, c’est celle lancée à l’instinct à environ 70m qui d’après Tony se trouve en plein cœur d’herbier mais que j’avais décidé de laisser tant qu’il n’avait pas balayé la zone, pour moi je ne pouvais même pas ramener la canne. La canne se courbe légèrement et je décide de prendre contact, je sais que ce n’est pas lourd, mais freiné par les herbiers. J’essaye quand même de l’extraire, car Tony ne m’a pas vu et je n’ai pas le droit de monter dans le zodiac car il faut toujours une personne sur le poste. Je continu à pomper et le poisson vient doucement, j’aperçois au large que Tony c’est rendu compte que j’avais une prise et revient à grande vitesse car on s’était donné comme challenge de prendre le premier poisson de la compétition, mais c’est une tanche de près de deux kg qui vient dans mes waders à 14h35. Eh oui, on avait oublié de préciser que c’était bel et bien une carpe qu’il nous fallait.
Je prépare rapidement le montage suivant, et réitère l’opération. J’avais ciblé exactement la position du montage et prévoyant j’avais également repéré la distance sur ma tresse. Après calage de ma canne, mon repère se trouve à moins d’un mètre de la position initiale.
Tony repart sur la zone à prospecter, mais nous prenons soin de caler les talkies-walkies pour un éventuel run car si j’avais eu une carpe récalcitrante, je pense qu’il aurait impossible de la sortir avec les souches de bordure. Il est 15h30, rebelote avec la même canne, je reprends contact et m’aperçois que c’est du même gabarit, je pompe donc doucement et malgré les accroches dans les herbiers, j’aperçois une brème impressionnante. Je refais la même opération, sauf que j’effectue un lancer supérieur de 4m. Tony revient, nous allons pouvoir mettre à plat notre stratège. Gros bémol, rien dans la zone de pêche autorisé, hormis une zone de dur sur 10m² du côté gauche. L’autre point très négatif, c’est la capacité du « Structure Scan »qui ne fonctionne pas dans 1,50m d’eau avec ce faucardage de début de saison. Le vent assez fort ne permet pas de sortir pour dénicher une zone propre dans ces 150m, donc rien de bien intéressant à se mettre sous la dent pour attaquer cette première nuit.
La nuit arrive et c’est assez calme, ma canne de droite n’a plus bougé, alors qu’elle a provoqué deux touches en 1h30. Je décide donc de la relever, je lève rapidement, mais je me trouve coincé dans l’herbe dès la mise sous tension. Je comprends alors que j’ai trouvé involontairement une trouée dans cette masse. J’arrive à la ramener du bord, et recale l’ensemble à la perfection avant la nuit, car mon repère est à 30cm dans mon moulin. Il faudra 15mn pour déclencher une nouvelle touche qui ne se piquera pas. La nuit tombée je change de canne, car je ne la considère pas suffisamment costaude pour se genre d’application. Par contre je cale la canne à la même distance en la déroulant en parallèle dans le chemin derrière notre campement. J’enchaînerai alors 6 touches la première nuit mélangeant brèmes et carrasins. Cà calme son bonhomme, prise des waders, course de 35m dans l’eau et la vase avec quelques souches comme embûches invisibles, contact, montée dans le zod et mise à l’épuisette d’un spécimen qui ne sera pas comptabilisé.
Au petit matin, nous savons qu’il faut tenter autre chose, c’est pourquoi je pars sur l’eau à mon tour, et tout de suite sur la droite dans ma zone productive, je découvre que je suis effectivement dans une zone dégagée et fouillée à plusieurs endroits. Cette surface couvre une quinzaine de mètres parallèle à la berge sur trois mètres de large. Ce qui explique mes touches, et aussi ce silence lorsque j’ai positionné mon montage 4 m plus loin lors de mon troisième lancé. Le seul inconvénient de la zone est qu’elle est entouré de cette masse d’herbier qui monte à trente centimètres sous la surface, alors comment imaginer une belle carpe venant spécialement dans ce secteur alors que la masse d’eau permet de s’alimenter beaucoup plus tranquillement ailleurs.
Après la confirmation de ce secteur je scrute la zone avec mon écho, et trouve à vingt mètres de notre limite, c'est-à-dire à 180m des supports, des souches furtives sur la remontée d’un plateau. Le vent est tel que je ne retombe pas dessus une deuxième fois. Le reste : néant hormis la profondeur qui oscille entre 2,5m et 4m. Je ne change donc rien de mon côté, car pouvant récupérer d’éventuel poisson passant au travers de la sortie d’anse des postes 1, 2 et 3, je laisse mes montages à 70m et 150m après la zone d’herbiers. Au tour de Tony, il retourne sur la zone, et décrypte d’une meilleure façon le spot estimé : trois souches et un bois posé sur le fond. Canne en main il dépose un montage costaud, à l’extrémité deux ready-made Kani, plus une dizaine sur le pourtour. La canne rejoint le support et Tony m’annonce qu’un seul poisson avait été détecté par l’écho, et qu’il paraissait très gros. L’autre canne rejoint le seul aspect changeant du poste, la tache de dur avec un amorçage en assiette. Il est autour de 9h quand tout est en place. Nous sommes sur la terre ferme entrain d’analyser ce que l’on pourrait mettre en œuvre avant la météo annoncée très pluvieuse et venteuse, car nous pensons qu’il ne sera peut-être plus possible de sortir lorsqu’elle sera arrivée. Il est alors 10h30, lorsqu’un bip suivi d’un second retentit sur la centrale à Tony, c’est la canne des souches, je suis devant et annonce à Tony, « elle est cintrée », il ne faudra qu’une dizaine de secondes à Tony pour prendre sa canne qui déroulait lentement mais sûrement. Pendant ce temps je m’étais équipé de mes waders et étais derrière lui pour préparer le zod, mais la seule prise de contact pour s’assurer qu’elle était bien piquée, à suffit à rompre la tresse à une dizaine de mètres avant la tête de ligne. Nous sommes désemparés de la séquence que l’on vient de vivre, car nous savons pertinemment que notre poste ne va pas être productif, et que la moindre touche pouvait annoncer un poisson hors norme permettant de se démarquer des autres.
Le montage est donc refait avec une tête de ligne plus grande, il rejoint la même zone avec ces Kanis, et si une touche récidive, nous décidons de ne mettre aucune pression sur le poisson tant que nous ne serons pas dessus. La crainte était sur la première touche d’avoir le poisson disqualifié, étant donné que l’on se trouvait à la limite de zone et qu’il fallait parcourir 180m, donc on peut largement imaginer que la carpe nous aurait obliger à la combattre quelques 100m derrière, et la, le carton jaune est probable, avec la disqualification. Nous ne sommes pas venu à la WCC pour çà !
La pluie est donc arrivée, et le vent qui commence à tourner à l’ouest de force assez vive, ne nous réconforte pas. Le seul point particulier, c’est la sortie des carpes de ces extrémités d’anses, mais comment réceptionner ces clientes en étant placés là où l’on est. Quoi qu’il en soit, c’est aujourd’hui ou bien nos chances de prises seront maigres !
En début de soirée du mardi alors que le mauvais temps est bien installé, nous obtenons les premiers résultats de la compétition, et rien ne nous surprend car les secteurs productifs sont les premiers postes réceptionnant le fond des anses peu profondes, choix que l’on avait fait en priorité selon les conditions météo précédentes, et celles qui étaient annoncées pour les jours à venir.
Nous avons également la visite de Valentin et Charles de chez Bananarods, sponsor de la plus grosse carpe, qui décide de camper dans le bois derrière nous et par la même de nous encourager.
Nous restons confiants, mais nous n’avons pas de quoi nous enthousiasmer, sachant que le BERKLEY1, peut couvrir les deux berges car il a juste les 200m autorisés. En plus nous découvrons sur nos plans, qu’il à sur la remontée opposée une ancienne bâtisse immergée avec des arbres entiers. Que rêver de mieux comme poste, à savoir que ce poste à été tiré et refusé trois fois avant que les Tchèques tombe dessus, de quoi être malade. Remarque c’est la même chose pour PV-TV1, qui a été également refusé au même nombre, et qui tient la tête du classement.
Le réveil du mercredi matin est vraiment difficile, je viens de parcourir sept aller/retour, de mon bed à mes cannes et cinq sorties bateau, pour des brèmes et carrasins et ce jusqu’à l’aube. Le temps est maussade et le vent toujours présent durant la journée du mercredi mais le soleil commence à percer les nuages. Je redouble pourtant d’efforts pour trouver une solution sans me reposer la journée, ce qui me vaudra une fatigue incontrôlable le jeudi soir. Dans le même temps les touches se sont arrêtées sur mon poste d’un coup net, si net que je ne prendrais plus un seul poisson jusqu’à la fin. Quant à Tony, il décida d’amorcer sa zone de dur massivement, ce qui lui provoquera deux touches, une brème de trois kg et un rotengle de deux.
Pour la dernière nuit, les cannes sont ajustées de 21h à 23h30. C’est dire notre patience à la dépose parfaite pour l’ultime essai. Nous nous couchons sereins, car nous ne pouvions guère mieux faire, mais au réveil de 6h30, un sentiment inaccompli nous submerge, nous sommes à 30mn de la fin, et rien n’a bougé, pas un seul bip de la nuit. La fusée du final perce le ciel au dessus du lac, ça y est, c’est la fin de l’épreuve, nous repartons sur l’eau et relèverons les montages tels que nous les avions placés, sans que le moindre appât n’est été touché.
Madine ne nous à pas souri, et malgré nos efforts nous n’avons pas touché notre but. Nous comptions sur un coup de pouce du destin et notre expérience de pêche en compétition pour réussir quelque chose de bien. Mais le sort et surtout le tirage au sort, ne nous ont pas épargné. Les postes qui se sont les mieux illustrés sont bien entendu les ailes, les pêcheurs quant à eux même si le tirage leur à sourit, on réalisé leur pêche d’une belle manière, ne laissant que très peu de poissons à leur voisins, preuve d’une approche de qualité. Et je n’ai vu aucune nation démériter, même si l’Angleterre remporte encore le titre et que bien de pêcheurs talentueux, on souffert tout comme nous.
Une compétition digne de son nom et dont nous tirons les leçons, car cette participation nous a renforcé dans notre manière de pêcher. Nous tenons à remercier de tout cœur Guillaume sans qui cette aventure n’aurait pas été vécue.
Un grand merci à MARUKYU.